Louis Benjamin Barron, né à Paris, rue des Canettes (ex-XIe arrondissement) le 9 avril 1847 et mort à Saint-Maurice (Seine) en juin 1914.

Nous ne disposons malheureusement que de très peu de documents concernant la vie personnelle de Louis BARRON. Son fils, Paul BARRON, avait donné l'essentiel des écrits manuscrits à la Bibliothèque du Havre - détruite pendant la guerre - et conservé une petite partie des papiers de son père dans une malle qui fut, elle aussi, endommagée pendant les terribles bombardements qui précédèrent la libération du Havre en 1945.

L'essentiel des informations provient donc des quelques documents conservés par la famille, de diverses archives publiques et des articles rédigés par lui - articles consacrés à des sujets extrêmement divers et où il parle fort peu de lui-même. Ces articles n'ont rien d'une auto-biographie. Ils nous renseignent cependant sur les sujets auxquels il s'intéressait, aux causes qu'il défendait et pour lesquelles il avait compris - très en avance sur son époque - l'efficacité de la presse, journaux et revues, pour agir sur les pouvoirs publics.

Nous disposons aussi de trois carnets, où il notait pour lui-même les découvertes de sa vie intellectuelle (l'un d'eux est consacré à des extraits d'oeuvres de Renane et de textes en prose de Baudelaire), des réflexions personnelles sur les événements de sa vie et des poèmes écrits pour sa femme, Rachelle et pour ses deux fils, Gilbert et Paul.

Ces trop rares sources d'information nous font connaître tout d'abord un homme qui fut un mari aimant, un père affectueux et soucieux de l’avenir de ses deux enfants : Gilbert et Paul.

Cet homme estimable dans sa vie privée, fut aussi un intellectuel participant pleinement à la vie littéraire de son temps :Les noms cités dans ces carnets témoignent d'un discernement étonnant : on y trouve de longues et nombreuses citations de Renan et la plupart des écrivains et penseurs de son temps y figurent.

Cet intellectuel consacra ses forces et une grande partie de son temps à la défense d'idées généreuses :

Cet intellectuel fut admirablement lucide : ses analyses le montrent capable de reconnaître dans une doctrine apparemment généreuse et patriotique les principes dont se réclamera plus tard le fascisme et d'écrire avec une énergie convaincante des articles dans la presse pour mettre en garde ses contemporains contre les séductions démagogiques de politiciens sans scrupule.

Le pouvoir politique imposé à la France après la répression sanglante de la Commune de Parie et la défaite militaire de 1871 fit payer cher à Louis Barron ses convictions sociales et politiques et sa participation à la Commune de Paris.

Il fut condamné en 1878 à la déportation au bagne de la Nouvelle Calédonie

En Nouvelle Calédonie, sur l'Ile des Pins, il dirigea l'édition du Parisien Hebdomadaire, puis du Parisien Illustré dont il est "éditeur-responsable" (1878). : incroyable exploit technique réussi sans matériel typographique, et sans machine d'impression. Mais aussi admirable acte de courage et de dignité pour un intellectuel que la misère physique et la détresse morale ne purent réduire à la soumission.

De retour en France, il publia dans la revue La Philosophie Positive un article remarquable sur La Déportation et les Déportés 1870 -1880 (pdf)

Mais il devait vivre de sa plume et il fut souvent contraint à utiliser des pseudonymes pour faire passer ses articles dans la presse ; de Zoutter, Thomas Grimm, L'Ours de Barbizon, etc...…

Il publia de nombreux articles dans la presse et les revues, en particulier dans :

Il publia aussi des traductions. Une excellente connaissance de la langue et de la littérature anglaises lui ont permis de rédiger des traductions qui, à son époque, étaient moins contraintes à une exactitude quasi littérale qu'aujourd'hui et dans lesquelles il donnait plus librement un équivalent du texte originel pour la force expressive et la beauté du rythme. Mais ce choix intransigeant du respect en profondeur de l'oeuvre traduite ne fut pas toujours acceptée : par exemple : sa traduction de Tess d’Urberville de Thomas Hardy ne fut pas acceptée par Hachette qui lui préféra une autre traduction, celle qui est actuellement publiée dans Le livre de poche.

Enfin il composa des ouvrages, magnifiquement illustrés de gravures, sur les fleuves et paysages de France.

La qualité du style, sobre, d'une élégance précise, d'une exactitude qui correspond aux exigences d'un ouvrage documentaire, mais aussi d'une poésie discrète qui révèle l'émotion de l'auteur et la suscite chez le lecteur, fait regretter que les circonstances politiques aient empêché Louis Barron d'écrire des ouvrages plus personnels, nous laissant regretter les oeuvres qu'il n'a jamais pu composer...